Ou pêcher à l’Ile de la Réunion ? spots côtiers, espèces emblématiques et conseils pratiques

Ou pêcher à l'Ile de la Réunion ? spots côtiers, espèces emblématiques et conseils pratiques

Ou pêcher à l'Ile de la Réunion ? spots côtiers, espèces emblématiques et conseils pratiques

Si vous aimez autant le poisson dans l’assiette que le bruit des vagues et l’odeur de l’embrun, l’île de la Réunion est un vrai terrain de jeu. Entre les falaises volcaniques, les plages de sable noir et les petits ports animés, on peut à la fois pêcher de magnifiques espèces… et se faire plaisir en cuisine le soir même.

Dans cet article, on part en balade le long des côtes réunionnaises : où pêcher, quelles espèces espérer, comment le faire dans le respect de la mer, et bien sûr, quelques idées pour savourer tout ça dans l’assiette.

Les atouts de la pêche à la Réunion

À la Réunion, la mer tombe vite dans le bleu profond : cela veut dire que très près des côtes, on a déjà des fonds importants, avec une belle diversité d’espèces. On peut y pratiquer :

  • la pêche du bord (roches, digues, plages) ;
  • la pêche en bateau (sorties au large, DCP – dispositifs de concentration de poissons) ;
  • la pêche au casier ou au filet pour certains professionnels ou avec encadrement ;
  • et bien sûr la pêche au gros, pour les plus téméraires.

Mais même sans gros matériel, un simple lancer depuis les rochers, tôt le matin ou en fin d’après-midi, peut déjà offrir de très belles prises à cuisiner.

Les principaux spots côtiers accessibles

Voici quelques zones côtières connues des passionnés. L’idée n’est pas de donner des « spots secrets » (chaque pêcheur garde les siens !), mais de vous orienter vers des zones où commencer en toute sécurité.

Le Port, la Possession et la côte Ouest

La côte Ouest est souvent la plus fréquentée, car plus abritée des alizés et facilement accessible.

  • Le Port et ses digues : zones très prisées pour la pêche du bord. On y trouve carangues, capitaines, dorades coryphènes au large, et différents poissons de récif. Idéal pour les pêcheurs un peu expérimentés, car la houle et les rochers peuvent être piégeux.
  • La Possession : des zones rocheuses avec de beaux tombants. Pêche aux leurres, surfcasting ou pêche au flotteur peuvent fonctionner suivant l’heure et la saison.
  • Plages de l’Ouest (Boucan Canot, Saint-Gilles, l’Ermitage) : plutôt réputées pour la baignade et le snorkeling, mais il existe des secteurs rocheux peuplés de petits poissons de roche, dorades et parfois petits carangidés. Attention aux réserves marines et zones interdites.

Le Sud sauvage : Saint-Pierre à Saint-Philippe

Le Sud est magnifique, plus brut, plus volcanique. La mer peut y être particulièrement houleuse : sécurité avant tout.

  • Saint-Pierre : le port et les passes sont pêchés régulièrement. On y trouve notamment des poissons de récif et parfois des espèces pélagiques de passage. L’avantage : un accès assez simple et une ambiance très locale.
  • Petits ports et anses volcaniques vers Saint-Joseph et Saint-Philippe : paysages spectaculaires, mais il faut bien connaître la houle et les courants. Idéal accompagné d’un pêcheur du coin ou via une sortie encadrée.

Le Nord et l’Est : mer plus agitée mais poissonneuse

De Saint-Denis à Sainte-Rose, la côte est plus exposée au vent et aux vagues, mais certaines zones restent accessibles.

  • Saint-Denis : quelques secteurs rocheux sont pêchés du bord. Là encore, attention aux coups de mer.
  • Sainte-Suzanne, Sainte-Rose : mer très souvent formée, mais zone riche en poissons. C’est plutôt un terrain de jeu pour les pêcheurs avertis, ou pour la pêche en bateau via des professionnels.

Dans tous les cas, n’hésitez pas à discuter avec les pêcheurs que vous croisez : la plupart partagent volontiers quelques conseils, surtout si vous arrivez avec curiosité et respect.

Espèces emblématiques à pêcher… et à cuisiner

L’un des plaisirs de la Réunion, c’est cette jonction entre le lagon, les roches volcaniques et le grand large. Forcément, cela se ressent dans la diversité des poissons.

  • Capitaine : chair fine, blanche, très recherchée. Parfait pour des cuissons simples : grillé, vapeur, en cari léger.
  • Thon (albacore, listao, etc.) : le roi des pélagiques. Idéal en tataki, mi-cuit au sésame, ou en cubes marinés puis juste snackés.
  • Dorade coryphène (mahi-mahi) : chair ferme, légèrement sucrée. Délicieuse en brochettes ou poêlée avec un jus citron-gingembre.
  • Carangues : espèces puissantes, appréciées des amateurs de pêche sportive. En cuisine, elles supportent très bien les marinades épicées et les cuissons au barbecue.
  • Vieilles, rougets et poissons de roche : parfaits pour des caris, des bouillons ou des cuissons entières au four.
  • Espadons et marlins (plutôt au large) : pièces impressionnantes, à consommer avec modération pour certaines espèces, mais très appréciées en grillade.

Comme toujours, mieux vaut prélever peu mais bien : un ou deux beaux poissons suffisent largement à régaler une famille, surtout si on sait les cuisiner de la tête à la queue… ou presque.

Réglementation : pêcher sans se mettre en faute

Pêcher à la Réunion, ce n’est pas « on jette une ligne et on verra bien ». Il existe des règles à respecter, pour des raisons évidentes de sécurité, de santé et de préservation.

  • Renseignez-vous sur les tailles minimales : certains poissons ne peuvent être gardés qu’au-delà d’une certaine taille, pour leur laisser le temps de se reproduire.
  • Respectez les réserves marines et zones protégées : par exemple autour de l’Ermitage ou de Saint-Gilles, certaines zones sont strictement interdites à la pêche, même depuis le bord.
  • Pêche sous-marine : très réglementée, et parfois dangereuse à cause de la houle et des courants. Elle nécessite une bonne expérience.
  • Pêche à la langouste : très encadrée, avec des périodes de fermeture, des tailles minimum et des interdictions dans certaines zones.
  • Limitations de prises : de nombreuses espèces ont des quotas journaliers recommandés ou imposés.

Pour des informations à jour, consultez les sites officiels locaux (Direction de la mer, préfecture) ou renseignez-vous directement dans les boutiques de pêche de l’île : elles sont généralement de très bons relais d’information.

Conseils pratiques pour bien débuter

Que vous soyez en vacances ou fraîchement installé sur l’île, quelques réflexes vous aideront à profiter pleinement de vos sorties.

  • Observer avant de lancer : regardez les vagues, les courants, les rochers émergés. Certains postes, très séduisants pour le poisson, sont dangereux pour le pêcheur.
  • Privilégier les heures creuses : tôt le matin ou tard l’après-midi, la lumière est plus douce, la chaleur supportable et l’activité des poissons souvent meilleure.
  • S’équiper simplement au début : une canne à lancer de taille moyenne, quelques leurres polyvalents (plugs, leurres souples), des hameçons adaptés, un bon bas de ligne.
  • Demander conseil en magasin : les vendeurs connaissent les montages les plus utilisés sur place, les couleurs de leurres efficaces, les coins à privilégier selon la saison.
  • Prévoir eau et protection solaire : la chaleur et la réverbération peuvent vite fatiguer, surtout sur les rochers.

Et si vous ne pêchez pas vous-même, ces conseils sont aussi valables pour mieux comprendre ce que le pêcheur du coin vous proposera sur le marché… et comment l’accommoder en cuisine.

Attention à la sécurité en mer… et dans l’assiette

La Réunion, c’est aussi une île exigeante. On ne plaisante pas avec la houle, ni avec certaines toxines naturelles.

  • Rochers glissants et vagues imprévisibles : ne jamais tourner le dos à l’océan, même par mer « calme ». Évitez de pêcher seul sur des zones exposées, surtout si vous ne les connaissez pas.
  • Marée et houle longue : une houle longue venue du large peut créer des vagues plus fortes que prévu. Renseignez-vous sur la météo marine avant chaque sortie.
  • Ciguatera : certains gros poissons de récif peuvent être porteurs de toxines naturelles (ciguatera). Sur l’île, on évite traditionnellement de consommer de très gros individus de certaines espèces de récif (vieilles, carangues, etc.). Demandez conseil à des pêcheurs expérimentés ou à votre poissonnier.
  • Fraîcheur du poisson : sous les tropiques, la chaîne du froid est encore plus cruciale. Videz et rincez vos poissons rapidement, conservez-les sur glace, cuisinez-les dans la foulée dès que possible.

Un poisson magnifique à l’œil peut être mal conservé et décevant, voire risqué. Faites confiance à votre nez, et n’hésitez pas à laisser passer une prise douteuse.

Du rocher à l’assiette : idées pour cuisiner vos prises

Parce que sur ce blog, le poisson finit rarement juste en photo au bout de la ligne, parlons cuisine. La pêche à la Réunion s’accorde merveilleusement avec une cuisine simple, parfumée, centrée sur le produit.

  • En grillade : parfait pour dorade coryphène, thon, carangue, capitaine. Une marinade huile d’olive (ou huile neutre), citron vert, ail, gingembre, un peu de piment et d’herbes (thym, coriandre)… puis un passage rapide sur un grill bien chaud.
  • En cari : idéal pour les poissons de roche ou les parties moins nobles (joues, morceaux irréguliers). Oignons, ail, tomates, curcuma, un peu de gingembre, et le poisson ajouté en fin de cuisson pour rester moelleux. Servi avec riz, grains et rougail, on est au cœur de la tradition réunionnaise.
  • En tartare ou mi-cuit : pour des poissons très frais, bien identifiés (thon, par exemple). Découpé au couteau, assaisonné de citron vert, huile, herbes fraîches, un peu d’oignon, et servi bien frais.
  • Au four entier : pour un petit capitaine, une dorade, ou un poisson de taille moyenne. Farci d’herbes, d’ail, de rondelles de citron, un filet d’huile, un peu de vin blanc si vous en avez, et on laisse le four faire son travail.
  • En bouillon parfumé : avec les têtes et arêtes, on prépare un fumet ou un bouillon relevé (gingembre, citronnelle, herbes). Rien ne se perd, tout se transforme.

L’essentiel est de respecter la chair : ne pas surcuire, ne pas masquer le goût par trop d’épices, mais les utiliser pour souligner ce que la mer a déjà offert.

Sorties encadrées : une bonne option pour découvrir

Si vous ne connaissez pas la Réunion, ou si l’idée de grimper sur les rochers avec du matériel ne vous rassure pas, les sorties encadrées sont une excellente alternative.

  • Sorties pêche au gros : au large, sur des bateaux professionnels équipés. Vous êtes accompagné, guidé et vous découvrez la pêche aux thons, dorades coryphènes, marlins… Ambiance sportive garantie.
  • Sorties côtières : plus proches du bord, parfois plus courtes, avec des techniques variées (palangrotte, jigging, etc.). Parfait pour observer, poser des questions et apprendre.
  • Guides locaux : certains passionnés proposent des sorties centrées sur la découverte du milieu, la réglementation et les techniques adaptées.

L’avantage, c’est que vous repartez souvent avec de belles prises à cuisiner, mais surtout avec une meilleure compréhension de cet environnement marin si spécifique.

Une autre façon de goûter la mer : marchés et restaurants

Et si la canne à pêche, ce n’est pas pour vous, vous pouvez malgré tout profiter largement des poissons de la Réunion.

  • Les marchés : Saint-Paul, Saint-Pierre, ou encore certains petits marchés de bord de mer proposent du poisson frais pêché localement. Arrivez tôt, regardez la brillance de l’œil, l’odeur, la fermeté de la chair.
  • Les petits stands et roulottes : certains vendent des beignets de poissons, des caris, des samoussas de thon… Parfait pour goûter les préparations locales et vous inspirer pour la maison.
  • Les restaurants : de nombreux chefs travaillent en circuit court avec des pêcheurs de l’île. L’occasion de découvrir des associations auxquelles on ne pense pas forcément : un poisson local avec fruit de la passion, combava, letchi, ou encore ananas rôti.

Observer comment les Réunionnais cuisinent le poisson, c’est aussi une manière de mieux le respecter quand on le prépare soi-même.

Pêcher à l’île de la Réunion, c’est finalement bien plus que « ramener un poisson ». C’est apprendre à lire l’océan, rencontrer des passionnés sur les digues, découvrir des espèces magnifiques… et prolonger ce moment en cuisine, dans la simplicité d’un bon produit bien cuisiné, partagé autour de la table.