Quand on aime les bons petits plats à base de poisson, il est naturel de vouloir faire les choses bien. Et « bien », aujourd’hui, ça veut dire aussi respecter la mer et ceux qui y vivent. En tant que passionnée de cuisine et de produits frais, j’ai longtemps cru que choisir un poisson simplement selon sa fraîcheur suffisait. Mais un peu comme on apprend à distinguer une bonne tomate de serre d’une tomate bien mûre de plein champ, il y a aussi des réflexes à adopter pour mieux choisir ses produits de la mer.
Dans cet article, je vous propose un petit guide pratique pour allier plaisir et responsabilité. Parce qu’on peut se régaler d’un bon dos de cabillaud poêlé ou d’un ceviche de dorade, tout en respectant les océans. Prêts à embarquer ?
Pourquoi faire attention à l’origine de nos produits de la mer ?
Nos choix alimentaires ont plus d’impact qu’on ne le pense. En 50 ans, la population de poissons a diminué de moitié dans certaines zones à cause de la surpêche. Certaines espèces comme le thon rouge ou l’anguille sont aujourd’hui menacées. Alors, comment continuer à cuisiner ces merveilles sans vider les océans ? En devenant des consommateurs éclairés !
Comment me direz-vous ? En posant des questions, en changeant deux ou trois habitudes, et surtout en apprenant à reconnaître les bons signaux. Et croyez-moi, ce n’est pas si compliqué.
Fuyez la surpêche : privilégiez les espèces durables
Certaines espèces sont pêchées de façon intensive, au point que leurs populations n’ont pas le temps de se renouveler. Voici quelques réflexes simples :
- Renseignez-vous grâce à des guides fiables. Le Guide des espèces de poissons durables de WWF ou celui de MR-goodfish (avec une version saisonnière) sont de bons exemples. Ils vous aident à choisir les espèces selon leur période et leur disponibilité.
- Évitez les espèces menacées comme l’ange de mer, l’anguille, le requin mako ou encore certaines espèces de raies.
- Optez pour des poissons à la reproduction rapide et abondante comme le maquereau, la sardine ou le hareng. En plus, ils sont bourrés d’oméga-3 !
Personnellement, depuis que j’ai découvert les filets de lieu noir au four avec une croûte d’herbes, je ne me sens plus obligée d’avoir du cabillaud dans mon assiette. Et mes enfants adorent !
Tournez-vous vers la pêche artisanale locale
On a parfois tendance à sous-estimer les trésors que cachent nos ports français. Pourtant, la pêche côtière et artisanale est souvent plus respectueuse de l’environnement. Moins de carburant, des techniques plus douces, et surtout une traçabilité bien plus simple.
Voici quelques avantages à privilégier une production locale :
- Des espèces de saison, fraîchement débarquées du bateau.
- Un soutien aux petits pêcheurs plutôt qu’aux grosses campagnes de pêche industrielle.
- Moins d’intermédiaires, donc souvent une meilleure qualité et parfois… moins cher !
Si vous avez la chance d’habiter près de la mer, prenez le temps de passer au marché du port ou chez un poissonnier indépendant. Demandez la provenance, la technique de pêche. Vous verrez, la conversation est souvent aussi enrichissante que le repas qui suivra !
Soyez attentif aux labels
Quand on se perd dans les rayons des supermarchés ou même dans les étals des marchés, pas facile de s’y retrouver. Heureusement, il existe des labels fiables pour nous guider :
- MSC (Marine Stewardship Council) : reconnaissable à son petit poisson bleu, ce label garantit une pêche durable, respectueuse des stocks marins et de l’écosystème.
- ASC (Aquaculture Stewardship Council) : utile pour les poissons d’élevage comme le saumon ou la daurade, il assure que l’élevage respecte des critères environnementaux stricts.
- Label Bio européen : appliqué aux élevages, il assure une alimentation biologique, sans OGM, et des pratiques plus naturelles.
Chaque label a ses exigences, mais ils offrent tous un point commun : une meilleure traçabilité et un engagement plus grand envers l’environnement. Lorsqu’on hésite entre deux produits, suivez le poisson bleu !
Salade de crevettes ou cocktail de CO2 ? Attention à l’empreinte carbone !
Le saviez-vous ? Une crevette d’Asie du Sud-Est peut parcourir jusqu’à 15 000 km avant d’atterrir dans notre assiette. Et les conditions de production sont souvent loin d’être exemplaires.
Alors, comment se régaler sans alourdir notre empreinte carbone ?
- Privilégiez les crevettes label ASC ou produites dans les DOM-TOM, notamment en Guyane.
- Renseignez-vous sur les modes de transport. Le poisson transporté par bateau a un impact bien inférieur à celui transporté par avion.
- Et pourquoi pas tester des alternatives locales ? Les bulots, par exemple, sont une vraie pépite souvent boudée à tort…
Un ami cuisinier m’a confié un jour : “Je préfère cuisiner un bon maquereau français que du saumon chilien qui a vu plus de kérosène que d’algues.” Et il a bien raison.
Et l’aquaculture dans tout ça ?
L’élevage est parfois vu comme le diable en personne quand on parle de produits de la mer. Pourtant, bien encadrée, l’aquaculture peut être une solution durable, surtout lorsqu’elle réduit la pression sur les ressources sauvages.
Quelques critères pour bien choisir :
- Lisez les étiquettes : la mention “élevé en France” est un bon point de départ, surtout si le label Bio ou ASC y est associé.
- Intéressez-vous à l’espèce concernée. Par exemple, la truite est souvent bien élevée et locale. Elle se prête à mille recettes : en papillote, en rillettes ou même fumée maison.
- Fuyez les filets sans indication : un bon produit n’a rien à cacher !
Et quand on voit le succès de mes tartines de truite fumée maison avec fromage frais et herbes du jardin, on se dit qu’on n’a pas besoin du dernier saumon bio de Norvège à 18 euros les 100g…
La saisonnalité des produits de la mer : un allié insoupçonné
On parle souvent de saison pour les légumes et les fruits… mais peu pour les poissons ! Et pourtant, il y a des moments où certaines espèces sont à éviter : soit parce qu’elles se reproduisent (et doivent être tranquilles), soit parce que leurs captures mettent en danger les populations.
Voici quelques astuces pour respecter les bons moments :
- Consultez les calendriers de pêche durable (comme celui de Mr Goodfish), très faciles à lire.
- Faites confiance aux professionnels : un bon poissonnier vous conseillera sur les espèces de saison.
- Variez vos achats : la mer regorge de découvertes. Pourquoi toujours opter pour les mêmes poissons ?
En avril, je troque volontiers le bar pour des maquereaux grillés au barbecue, accompagnés de quelques légumes primeurs. Résultat ? Une assiette colorée, légère, et 100 % éthique.
Des habitudes simples pour un océan plus serein
Si je devais résumer, je dirais ceci : choisir un bon poisson, c’est un peu comme choisir un bon vin. On regarde l’étiquette, on s’intéresse au producteur, on écoute son poissonnier, et surtout… on goûte avec passion !
Voici, pour finir, quelques petits gestes à adopter dès aujourd’hui :
- Misez sur la diversité : alternez poissons, coquillages, crustacés pour éviter de sursolliciter certaines espèces.
- Adaptez les portions : on n’a pas besoin de 300g de poisson par personne ! 150 à 200g suffisent amplement pour un plat équilibré.
- Ne jetez pas les arêtes : elles peuvent servir à faire un délicieux fumet, idéal pour risottos ou sauces.
Et surtout, transmettez ces valeurs autour de vous. À vos enfants, vos convives, vos collègues. Parce que la cuisine, c’est aussi une histoire de partage. Et que demain, on aura encore plus de plaisir à déguster un filet de poisson lorsqu’on sait qu’il a été pêché de manière responsable.
N’hésitez pas à me dire en commentaire quels sont vos coups de cœur marins responsables, ou vos techniques pour acheter malin. Ensemble, on peut faire de grandes choses… à commencer par un bon petit plat du week-end !