Que sait-on vraiment des étoiles de mer ?
Majestueuses et énigmatiques, les étoiles de mer fascinent petits et grands. Leur silhouette emblématique à cinq bras (ou parfois plus !) nous évoque immédiatement les fonds marins, les récifs colorés… et les vacances ! Mais derrière cette apparente innocence se cache parfois un visage plus sombre. Certaines espèces peuvent être de redoutables prédatrices ou poser de véritables problèmes écologiques. Alors, inoffensive l’étoile de mer ? Ce n’est pas toujours si simple.
Dans cet article, je vous propose de plonger ensemble (sans palmes !) à la rencontre de ces créatures fascinantes : les espèces dangereuses à connaître, leur rôle dans l’écosystème marin, et leur présence – parfois inattendue – dans nos assiettes.
Les étoiles de mer sont-elles vraiment dangereuses ?
À première vue, difficile d’imaginer qu’une jolie étoile marine puisse représenter un quelconque danger. Et pourtant, certaines espèces peuvent s’avérer toxiques, prédatrices… voire destructrices pour les écosystèmes coralliens.
Voici quelques-unes des étoiles de mer dont il vaut mieux se méfier :
- Crown-of-thorns (Acanthaster planci) : sans doute la plus célèbre « étoile de mer problématique ». On la retrouve essentiellement dans l’océan Pacifique. Recouverte de longs piquants venimeux – d’où son nom d’ »Étoile couronne d’épines » –, elle est tristement célèbre pour sa voracité envers les coraux. À elle seule, elle est capable de décimer des récifs entiers. Un festin pour elle… un cauchemar pour la biodiversité.
- Luidia savignyi : moins connue, mais tout aussi impressionnante, cette espèce originaire de l’Indo-Pacifique peut mesurer jusqu’à 40 cm. Elle se distingue par sa vitesse (pour une étoile de mer !) et son appétit vorace pour les invertébrés benthiques. Rien ne lui résiste.
- Protoreaster nodosus : surnommée « étoile de mer chocolat » en raison de ses curieuses excroissances brunes, elle peut aussi présenter une toxicité cutanée si elle est manipulée sans précaution. Rien de mortel, mais gare aux imprudents curieux sur les plages tropicales !
Alors non, les étoiles de mer ne sont certes pas des requins… mais dans leur monde silencieux, elles peuvent avoir une influence étonnamment importante.
Un rôle écologique… qu’on ignore souvent
Derrière leur immobile apparence, les étoiles de mer jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des fonds marins. Et comme souvent dans la nature, leur impact peut être double : bénéfique ou problématique selon les contextes.
Par exemple :
- Agents de nettoyage : certaines étoiles de mer consomment des débris, des animaux morts ou des coquillages en fin de vie. Elles participent donc à la « recyclerie » de l’océan.
- Régulatrices d’espèces : en tant que prédatrices naturelles de moules, oursins ou autres invertébrés, elles permettent d’éviter la surpopulation de certaines espèces qui pourraient, elles aussi, déséquilibrer l’écosystème.
- Ingénieures invisibles : leurs mouvements sur le fond marin remuent les sédiments, facilitant ainsi la circulation de l’oxygène ou la vie des microorganismes.
Mais comme toujours, la nature demande un juste équilibre. Lorsqu’une espèce devient trop dominante – comme c’est le cas avec la fameuse « coronata » dans certaines zones —, c’est tout l’écosystème qui peut souffrir.
C’est précisément ce qui pousse certaines associations et scientifiques à mettre en place des plans de régulation. Oui, il existe bel et bien des « chasses à l’étoile »… mais rassurez-vous, elles sont très encadrées !
Une étoile dans l’assiette : mythe ou réalité ?
Et si on vous disait que certaines étoiles de mer se mangent ? Cela peut surprendre, voire rebuter. Et pourtant, dans certaines zones d’Asie notamment, l’étoile de mer est bel et bien un mets consommé.
En Chine ou au Vietnam, par exemple, on retrouve parfois l’étoile de mer grillée ou séchée sur les stands de street food. Les bras sont ouverts, salés, frits… et consommés comme des chips de la mer. Intrigant, non ?
Mais attention, cela ne signifie pas que toutes les étoiles sont comestibles ! Certaines peuvent contenir des toxines puissantes, notamment de type tétrodotoxine, présente aussi, au passage, dans le fameux poisson fugu japonais. La prudence est donc de mise — ce n’est pas un produit qu’on cuisine à la légère.
Et en Europe, alors ? Eh bien, leur consommation reste très marginale, voire quasi inexistante. Les étoiles de mer n’appartiennent pas à notre culture culinaire traditionnelle. Pourtant, avec la montée des enjeux de durabilité et la valorisation des ressources marines « oubliées », il n’est pas exclu que ces astres marins trouvent un jour leur place dans l’assiette… encadrée, bien sûr, par des études sanitaires rigoureuses.
Une amie ou une ennemie de la biodiversité ?
Voilà toute la complexité de cette question. L’étoile de mer n’est ni fondamentalement nuisible, ni totalement bénéfique. Elle est un rouage parmi d’autres de la grande mécanique de l’océan… mais un rouage puissant.
Pour illustrer tout cela, laissez-moi vous partager une anecdote que m’a racontée un ami biologiste marin. Lors d’un séjour sur la Grande Barrière de Corail, son équipe a observé une densité anormale de Acanthaster planci. Résultat : une perte de 40 % de couverture corallienne en seulement quelques mois, avec un impact énorme sur la faune locale. Et pourtant, retirer toutes ces étoiles n’aurait pas été non plus une solution durable. Certaines zones ont donc mis en place des systèmes d’équilibre naturel, notamment avec des prédateurs comme le triton géant… Une véritable partie d’échecs sous-marine !
On le voit bien : chaque être marin, aussi modeste soit-il, a un rôle à jouer. C’est pourquoi notre action (même depuis notre cuisine !) peut avoir des répercussions insoupçonnées.
Et moi, dans tout ça, que puis-je faire ?
À notre échelle, on est peut-être loin des récifs coralliens ou des étoiles mangeuses de corail, mais notre mode de consommation, notre manière d’acheter, de cuisiner, de jeter aussi… a une influence bien réelle.
Voici quelques gestes simples, mais puissants :
- Préférer les produits de la mer labellisés, issus d’une pêche durable.
- Se renseigner sur la traçabilité des poissons et coquillages que l’on consomme.
- Encourager les restaurateurs qui s’engagent pour la biodiversité marine. (Et il y en a de plus en plus, fort heureusement !)
- Éviter l’achat de souvenirs « exotiques » comme des étoiles de mer séchées : non seulement ces pratiques impactent les populations naturelles, mais elles sont souvent peu respectueuses des normes sanitaires.
Et côté cuisine ? Restons curieux, ouverts à découvrir les trésors de la mer… tout en gardant un cap de bon sens. Car cuisiner avec respect, c’est aussi honorer l’animal dans sa globalité, comme on cherche à le faire pour le poisson entier ou les légumes de saison sur ce blog.
Les étoiles de mer, une beauté à observer… avec respect
Les étoiles de mer continueront longtemps à faire rêver — et peut-être un peu frémir lorsqu’on en apprend plus sur certaines espèces ! Mais loin de n’être que de simples ornements marins, elles nous rappellent combien l’équilibre de la nature est subtil et précieux.
Apprendre à mieux connaître ces créatures étonnantes, c’est aussi élargir son regard sur l’alimentation durable, la cuisine consciente, et notre lien avec la mer. Et si la gastronomie nous pousse parfois à innover, elle doit toujours le faire avec respect : des produits, des écosystèmes… et du bon sens.
Alors la prochaine fois que vous croiserez une étoile de mer sur la plage ou en plongée, vous saurez qu’elle en a bien plus sous ses bras qu’elle ne le laisse paraître. Et peut-être qu’en la regardant, vous penserez aussi à ce grand festin invisible qui se trame sous la surface des océans…