Un havre entre pins et embruns : Le fort de l’Estissac
Perché sur les hauteurs de l’île de Porquerolles, le fort de l’Estissac n’est pas seulement un témoin de l’histoire militaire de la Méditerranée. C’est aussi le point de départ d’une balade sensorielle où mer, terre et tradition culinaire se rencontrent. C’est là-bas, au cœur du Parc National de Port-Cros, que j’ai découvert un territoire aussi riche en paysages qu’en saveurs marines, une escapade parfaite pour nourrir l’âme… et l’assiette.
Le fort, bâti au XVIIe siècle, offre une vue imprenable sur une mer d’un bleu profond. Mais cette excursion ne serait pas complète sans s’attarder sur ce qui mijote autour : des produits locaux aux senteurs iodées, des pêcheurs passionnés et, bien sûr, de belles idées de recettes à rapporter dans sa cuisine, simples et fraîches, comme je les aime.
Le marché de Porquerolles : un trésor insulaire
Avant de prendre le chemin qui mène au fort, je vous conseille vivement de flâner au petit marché du village. L’ambiance y est chaleureuse et chaque étal déborde de produits qui sentent bon le Sud. C’est là que j’ai rencontré Christian, pêcheur installé depuis plus de vingt ans. Pendant qu’il prépare ses filets de dorade, il me raconte comment il pêche à la ligne, au lever du soleil, pour garantir une qualité irréprochable.
Ce matin-là, j’ai craqué pour :
- des filets de rascasse, d’un rouge éclatant
- des oursins fraîchement ouverts (à déguster avec juste un filet de citron… divin !)
- un petit pot de poutargue maison, ce caviar méditerranéen à base d’œufs de mulet salés et séchés
Et bien sûr, quelques légumes du voisin fermier : courgettes douces, fenouil anisé et citrons de Menton. De quoi mijoter un repas simple et savoureux, en parfaite harmonie avec l’esprit du lieu.
Balade sensorielle jusqu’au fort
Le chemin qui serpente entre les pins maritimes pour atteindre le fort est une vraie promenade des sens. L’air chargé d’iode se mêle à celui des herbes du maquis : romarin sauvage, thym citronné, immortelle… Il n’en fallait pas plus pour que mon esprit cuisine s’emballe. Et si vous pensez que le thym ne va qu’avec l’agneau, attendez de le goûter infusé dans un bouillon de poisson léger. Surprise garantie !
Arrivée au sommet, la vue me coupe le souffle. D’un côté, les falaises tombent dans l’eau claire. De l’autre, les salins étincellent au soleil. C’est ce contraste entre roche brute et nature généreuse qui rend ce lieu si unique — et qui inspire aussi une cuisine sans artifice, où chaque ingrédient trouve sa place juste.
La mer dans l’assiette : idées de recettes simples et iodées
De retour chez moi, inspirée par cette escapade, j’ai ressorti mes notes et mes ingrédients du marché. Voici deux recettes coup de cœur, à reproduire facilement avec des produits de chez vous (ou à adapter selon vos trouvailles au marché local !).
Filets de rascasse au fenouil et citron
Ingrédients :
- 2 filets de rascasse
- 1 petit bulbe de fenouil émincé finement
- le jus et le zeste d’un demi-citron de Menton
- un filet d’huile d’olive
- sel, poivre, quelques brins de thym frais
Préparation : Disposez les filets dans un plat allant au four, ajoutez le fenouil cru autour, arrosez de jus de citron et d’huile d’olive, puis parsemez de zestes et de thym. Enfournez 12 minutes à 180°C. Servez avec une salade de roquette assaisonnée de vinaigre balsamique blanc… et un brin de soleil dans l’assiette.
Spaghetti à la poutargue et au citron
Ingrédients :
- 250g de spaghetti
- 1 CàS d’huile d’olive
- le zeste d’un citron non traité
- 20g de poutargue râpée ou en copeaux très fins
- un peu de persil plat haché (facultatif)
Préparation : Faites cuire les pâtes al dente, égouttez-les, puis faites-les revenir rapidement à feu doux avec l’huile, la poutargue et le zeste de citron. Mélangez bien, ajoutez un peu d’eau de cuisson si besoin. Servez aussitôt, avec une pincée de persil. Le goût est subtil, intensément marin, et c’est prêt en 10 minutes top chrono !
Des rencontres authentiques en chemin
Ce genre de balade ne serait pas aussi riche sans les rencontres qu’on y fait. Outre Christian le pêcheur, j’ai échangé quelques mots avec Hélène, une cuisinière du coin qui prépare sur son food truck des panisses croustillantes et des sandwichs à l’anchoïade détonants. Elle m’a soufflé un conseil que je partage volontiers avec vous : “N’aie jamais peur de trop saler l’eau des pâtes… la mer est salée, non ?”
Et c’est vrai qu’en regardant cette mer omniprésente, on comprend mieux la cuisine méditerranéenne : savoureuse, enracinée dans son terroir, fière de ses produits simples mais puissants.
Prolonger l’expérience : quelques bonnes adresses
Si vous passez quelques jours sur l’île (ou dans les environs entre Hyères et Toulon), voici quelques spots que je recommande chaudement, pour prolonger cette plongée culinaire :
- Ô P’tit Resto (Porquerolles) : poisson grillé du jour, légumes bio des jardins alentours, et vue sur le port.
- L’Estive (Hyères) : une table qui réinvente les classiques provençaux avec audace, idéale pour les curieux.
- La conserverie artisanale Lou Ferrignade (La Londe-les-Maures) : pour faire le plein de sardines à l’huile d’olive parfumée et de bisques maison à rapporter.
Pour celles et ceux qui aiment les escapades gourmandes, c’est tout un monde à découvrir. Et si vous aimez cuisiner le poisson, pensez à demander aux pêcheurs leurs astuces : ils ont souvent une recette de famille à partager… ou un coup de main à donner pour lever les filets.
Une escapade qui a du goût
Cette journée autour du fort de l’Estissac m’a rappelé pourquoi j’aime tant cuisiner les produits de la mer. Parce qu’ils racontent une histoire. Celle de ceux qui les pêchent, la patience qu’il faut pour en tirer la meilleure saveur, et cette belle idée que finalement, le bonheur se cuisine en quelques gestes simples… à condition de choisir le bon ingrédient au bon endroit.
Alors la prochaine fois que vous programmez une balade, pensez à votre panier. Car parfois, une belle recette commence bien avant la cuisine — elle commence au marché, sur un sentier ou face à la mer, là où tout a un goût d’authenticité.
